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L’intelligence artificielle est un média relativement récent qui soulève de nombreuses discussions sur la légitimité artistique des artistes synthographes. Je me place à ce sujet comme photographe et comme artiste graphique, c’est-à-dire quelqu’un qui utilise l’un ou l’autre média dans l’intention de porter un message et dire avec des images ce que les mots ne peuvent exprimer. En dessin graphique, je dois maîtriser la technique et l’AI nécessite également d’être maîtrisé, mais ce que tous les aspects techniques libèrent de contrainte de temps, d’argent, et d’organisation de l’espace de travail, l’AI permet de se concentrer sur les aspects plus intuitifs, c’est à dire libérer la fibre artistique qui est en soi, flirter avec le ressenti et se laisser aller à créer ce que dans le réel on ne ferait peut-être (voire certainement) pas.
Avec la photographie, lorsque je décide de prendre une photo, je sais que dans 80% des cas, je vais retravailler cette photo par informatique. Ce que je fais par informatique aujourd’hui devait être fait jadis en laboratoire avec des procédés techniques impliquant de l’eau, des produits chimiques, un espace clos et sans lumière, un équipement relativement coûteux et toutes sortes d’astuces et de savoirs pour appliquer des effets d’image sur le papier. Le développement consiste à imprimer une image et rendre l’œuvre artistique imaginée par le photographe. Avec Adobe Lightroom, je réalise plus ou moins la même tâche de rendre une idée par l’image, mais avec des moyens plus rapides, moins coûteux et beaucoup plus spontanés.
L’intelligence artificielle est un moyen de prendre des photos comme je le ferais d’un polaroid, mais le sujet, la lumière, la composition, le cadrage sont toujours les sujets qui permettent d’aboutir une photo et un bon cadrage n’est pas nécessairement dans la capacité de l’intelligence artificielle pour rendre une image artistique. L’AI recherche la perfection au prix souvent de l’émotion et de l’effort pour l’artiste et son spectateur. Il reste toujours un espace où l’effort de l’artiste consiste à mettre la dernière touche.
L’art, ce n’est pas seulement le produit de l’art ou l’oeuvre elle-même. L’art, c’est aussi une histoire, des anecdotes, la continuité, la répétitivité, la recherche, l’abondance de l’effort et de la production pour ne choisir qu’une oeuvre parmis des milliers et être la signature qui appose un nom sur un choix qui traduise l’idée de l’artiste. 1000 idées peuvent être belles, mais l’artiste choisi celle-là et c’est justement celle-là qui raconte son parcours, la justification de tout le reste, la cohésion d’un élément parmi d’autres, une architecture.
Willie est cette photo imparfaite sur laquelle je me suis arrêtée parce qu’elle me donnait de l’émotion, le souvenir d’un vieux film classique étudié au collège, Les Visiteurs du Soir. Ses mains sont figées comme une statue de pierre, mais sur une vidéo, je me sers de l’intelligence artificielle pour animer son visage et du mouvement de ses lèvres, de ses yeux, transparaît une émotion qui n’est pas l’oeuvre d’un robot. L’image apparaît hors du temps, comme une vieille photo dans un grenier qui viendrait à parler quand on la regarde longtemps. La peau de Willie paraît “cuite” par le temps, mais l’écho donne à sa voix une profondeur d’entrailles qui anime le curieux, la fascination.
Mon sentiment pour Willie, c’est qu’elle pourrait être une amie, on devine sa pugnacité, son ironie, son sarcasme. Drôle et grave à la fois. Elle n’est pas parfaite et c’est sans doute ce que j’aime le plus dans cette image, l’idée que l’imperfection échappe au robot, comme si, à force de stress et de fatigue, l’image était venue se glisser hors des circuits conducteurs.
L’art, ce n’est pas d’être parfait. L’art, ce n’est pas la technicité. La manière dont je ressens l’art se situe au niveau de l’émotion et la capacité d’amener un public vers les sphère de l’inconnu où les individus ne s’aventureraient pas d’eux-même. Il faut soi-même être aventurier avant de pouvoir emmener le public et l’AI permet cela, d’explorer, de fouiller, de se fatiguer à la tâche d’attendre à essayer sans relâche de construire l’émotion, travailler l’image et s’en tenir à l’ordre que l’on donne au robot.
Willie, c’est plusieurs générations d’images dans l’ADN de ses mains, de ses doigts, de son visage, la manière de bouger ses yeux et sa bouche, les traits gravés de l’intérieur, dans les métadatas de l’image. Quand on la regarde longtemps, on perçoit une dimension qui n’est pas celle d’un robot et pour cette raison, je pense que l’art est possible. Willie m’a fait prendre connaissance que je pouvais faire de la photo AI, avoir une ou plusieurs muse(s) AI, composer une scène, les éclairages, les couleurs, même le grain. Willie m’a donné envie de chercher et de me découvrir au travers elle, cette belle alchimie de l’artiste et de son modèle. Elle est comme la vieille photo d’un grenier, chargée d’une histoire artistique. C’est cette histoire artistique que je veux expliquer dans mes livres, comment le parcours de l’artiste au travers l’AI façonne l’identité des images, leur signature.
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